La spiruline n’est pas une algue au sens botanique strict, mais une cyanobactérie filamentaire de la famille des Oscillatoriaceae. Connue scientifiquement sous les noms Arthrospira platensis et Arthrospira maxima, elle tapisse naturellement les lacs alcalins chauds d’Afrique, d’Amérique centrale et d’Asie. Les Aztèques récoltaient déjà le tecuitlatl sur le lac Texcoco, tandis que les populations kanembu du Tchad transforment encore aujourd’hui la spiruline sauvage des rives du lac Tchad en galettes « dihe ». Son nom vient de la forme hélicoïdale de ses filaments — une spirale parfaite visible au microscope.
À partir des années 1970, la spiruline a quitté ses lacs naturels pour des fermes aquacoles, d’abord au Mexique et aux États‑Unis, puis en Chine, en Inde, à Madagascar ou dans le sud de la France (Provence, Camargue). Elle est cultivée dans des bassins peu profonds, agités en continu pour assurer l’oxygénation et l’homogénéité de la culture. Ces bassins, appelés raceways, maintiennent une eau chaude (30 – 35 °C), très alcaline et riche en bicarbonates, créant un milieu hostile aux autres micro‑organismes — d’où une spiruline presque pure après récolte. Séchée à basse température, elle se présente sous forme de paillettes, de poudre verte tirant sur le bleu ou de comprimés faciles à doser.
Les bienfaits de la spiruline pour la santé et la performance
Concentrée en protéines complètes, en phycocyanine antioxydante et en micronutriments essentiels, la spiruline soutient à la fois l’énergie, l’endurance, la récupération et les défenses naturelles. Tour d’horizon de ses atouts clés :
- Protéine complète pour la construction musculaire : Avec 60 – 70 % de protéines contenant les huit acides aminés essentiels (score PDCAAS proche de 1), la spiruline soutient la synthèse musculaire et la réparation des fibres après l’entraînement.
- Booste l’endurance et l’oxygénation : Sa richesse en fer hautement biodisponible (jusqu’à 15 mg/100 g) et en phycocyanine stimule l’érythropoïèse, augmentant le transport d’oxygène vers les muscles et retardant la fatigue.
- Antioxydant et anti‑inflammatoire naturel : Le complexe phycocyanine‑chlorophylle, les caroténoïdes (β‑carotène, zéaxanthine) et la superoxyde dismutase neutralisent les radicaux libres, limitant le stress oxydatif induit par l’effort intense.
- Source de vitamines et minéraux clés : Vitamine B1 pour le métabolisme énergétique, magnésium pour la contraction musculaire, potassium et calcium pour l’équilibre électrolytique. Sa pseudo‑vitamine B12 (adénosylcobamide) reste controversée mais les dernières études montrent une absorption partielle utile aux végétariens.
- Renforce l’immunité : Les polysaccharides sulfatés (spirulane‑calcium) activent les macrophages et stimulent la production d’anticorps, réduisant le risque d’infections chez les sportifs.
- Gestion du poids et de la glycémie : La spiruline contient de la phénylalanine qui agit sur la satiété et des fibres qui ralentissent l’absorption du glucose, aidant à stabiliser l’énergie durant la journée.
Détoxication et protection hépatique : Sa capacité à chélater les métaux lourds et à moduler les enzymes antioxydantes protège le foie.

Précautions d’usage, durabilité et perspectives d’avenir de la spiruline
Bien que considérée comme l’un des superaliments les plus sûrs, la spiruline exige quelques précautions :
- Qualité de culture : Cultivée dans une eau contaminée, elle peut accumuler métaux lourds et microcystines toxiques. Choisissez des labels biologiques contrôlant métaux, cyanotoxines et bactériologie.
- Phénylcétonurie et troubles auto‑immuns : La phénylalanine naturelle peut poser problème aux personnes atteintes de phénylcétonurie. Les patients souffrant de lupus ou de sclérose en plaques demanderont un avis médical car la spiruline stimule les cytokines.
- Interactions médicamenteuses : Effet anticoagulant potentiel (vitamine K) et modulation immunitaire à surveiller sous traitement immunosuppresseur.
Dosage recommandé : 3 – 5 g/jour en entretien, jusqu’à 10 g/jour en phase de préparation sportive, idéalement répartis avant l’effort et au petit‑déjeuner pour profiter de ses protéines.
Un modèle de production durable
La spiruline affiche le rendement protéique le plus élevé au monde : 1 kg de protéines pour moins de 2 m³ d’eau, quand il en faut 112 pour le soja et 1 500 pour le bœuf. Photosynthétique, elle fixe autant de CO₂ qu’une forêt tropicale par mètre carré de bassin. En zones arides (Sahel, Rajasthan), des projets humanitaires l’utilisent pour combattre la malnutrition infantile, offrant un revenu supplémentaire aux agriculteurs. Cependant, la montée en flèche de la demande pousse certains producteurs à sécher la spiruline par atomisation à haute température, détruisant partiellement la phycocyanine. Préférer les spirulines « séchage à froid » ou « spray‑drying basse température » garanti.
Spiruline vs chlorelle : complémentarité ou concurrence ?
Si la chlorelle excelle dans la détoxication des métaux lourds grâce à sa paroi cellulosique, la spiruline domine par sa teneur protéique et son fer assimilable. Les deux microalgues combinées offrent un profil complet : la spiruline pour la performance et l’immunité, la chlorelle pour la détox et le magnésium. Des formules « algues duo » apparaissent déjà sur le marché des compléments haut de gamme. La recherche explore enfin l’ajout de spiruline fraîche dans les pâtes, le pain et même la bière artisanale, ouvrant la voie à une nourriture fonctionnelle bleue‑verte présentant un faible impact carbone.
En termes de densité nutritionnelle, seul le moringa semble soutenir la comparaison. Intégrer la spiruline à son alimentation, c’est choisir une source protéique hautement biodisponible, riche en micronutriments et respectueuse de la planète. Un geste gagnant pour le corps, la performance… et l’avenir de notre système alimentaire.



